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Etienne Tshisekedi wa Mulumba

Disparition d'Etienne Tshisekedi: "C'est le président Kabila qui sort gagnant", par A. L. avec R. Cornet

Étienne Tshisekedi, opposant historique en République démocratique du Congo (RDC), est mort mercredi à Bruxelles à l'âge de 84 ans. Leader de l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), Etienne Tsisekedi "appartient à l'histoire du Congo depuis 1960. Il est le seul qui a traversé toutes les décennies. Et encore aujourd'hui il est un homme de premier plan, surtout par sa capacité à résister, par son côté intraitable. Par cela il inspirait encore les jeunes générations", explique à la RTBF Colette Braeckman, journaliste au quotidien Le Soir, spécialiste de l'Afrique.

Sa popularité tient notamment au fait qu'il a été "le premier à oser dire 'non' au président Mobutu, à vaincre la peur de la dictature. Parmi certains jeunes il faisait presque l'objet d'un culte parce que c'était un vieux monsieur qui vivait simplement dans sa petite maison de Limete (une commune Kinshasa, ndlr). Par son mode de vie, il tranchait avec le luxe des élites", poursuit la journaliste.

Moïse au bord de la mer Morte

Le 31 décembre, la majorité et l'opposition ont signé un accord politique destiné à mettre en place un régime de transition politique en RDC jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle devant avoir lieu, si tout va bien, avant la fin de 2017. Au cours de cette négociation, Etienne Tshisekedi "avait incarné une opposition dure, radicale, au compromis politique qui était proposé par les amis du président Kabila. Tshisekedi aurait dû être le président du comité de suivi de l'application de l'accord. On avait compté sur lui pour être le bâton derrière la porte, pour obliger tout le monde à respecter l'accord. Cet élément dur a aujourd'hui disparu", selon Colette Braeckman qui utilise cette image : "Celui que l'on appelait depuis toujours Moïse est au bord de la mer Morte, il voit la Terre promise d'un compromis politique et d'une meilleure démocratie, mais il n'y arrive pas".

Etienne Tshisekedi incarnait "l'opposition radicale. Sa disparition risque de fragmenter l'opposition en RDC, et de laisser à nouveau les intérêts individuels ou politiciens l'emporter sur l'intérêt général. Une fois de plus c'est le président Kabila qui sort gagnant : il a gagné du temps, ce qui est à lui est à lui et ce n'est pas négociable, il peut rester en fonction jusqu'aux prochaines élections. Ce qui appartient à l'opposition est négociable", analyse la journaliste.

Un arbre qui a pris toute la lumière

Après la disparition d'Etienne Tshisekedi, celui qui pourrait encore être qualifié "d'homme fort de l'opposition" est l'ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, actuellement en exil, estime Colette Braeckman : "Il y a un antagonisme majeur entre ce dernier et le chef de l’État. Il y a beaucoup de politiciens qui sont forts, qualifiés, responsables, mais ils n'ont pas l'aura à l'échelle nationale" qu'avait Etienne Tshisekedi. "Il était comme un arbre qui a pris tout l'air et toute la lumière, et qui a laissé croître autour de lui des arbrisseaux qui n'ont pas grandi suffisamment. Il n'y en a pas un qui peut le remplacer à ce niveau."

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