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Martin Kabwelulu

Martin Kabwelulu : Profile d’un Voleur Oublié qui Pèse 200 millions USD ?

Le 5 février 2007 commence pour Martin Kabwelulu Labilo la plus extraordinaire aventure qu’un homme de l’ombre sans carrure ni prestance, sans charisme ni éloquence, ne puisse jamais vivre.

De l’ombre à la lumière

Par sa nomination par Joseph Kabila au poste de ministre des Mines du pays reconnu pour être le plus grand scandale géologique du monde, cet homme de plus de 70 ans, né le 5 février 1947 d’une union entre un papa mulubakat originaire de Manono et une maman burundaise, va sortir de l’ombre pour entrer dans la lumière.

Sa nomination trouve le nouveau ministre des Mines au dépourvu dans sa petite habitation modeste dans la cité de Kinshasa. Immédiatement, la mafia libanaise se met en quête d’équiper le nouveau promu et de le faire sortir de sa misère où il vit dans un quartier sans cesse victime de délestage d’eau et d’électricité. C’est d’ailleurs un seau à la main que le premier commissionnaire le surprend chez lui aux aurores du lendemain de sa nomination.

Très vite, du haut de l’immeuble Sozacom où se situent les bureaux du ministre des Mines, Martin Kabwelulu va apprendre les codes des hommes du pouvoir qui doivent tout à l’homme qui les ont sortis de l’ombre. En l’occurence Joseph Kabila.

Assis au haut perchoir du ministère stratégique des mines

Mais le parcours de Martin Kabwelulu n’est simple. Hormis sa filiation mulubakat, ce qui distingue le nouveau ministre des Mines est son appartenance au Parti Lumumbiste Unifié, PALU, d’Antoine Gizenga. Dans la coalition entre l’AMP et le PALU forgée à la suite des élections de 2006, la boulimie du PPRD ne peut être tempérée. Aussi, avec habileté, Joseph Kabila va confier le ministère stratégique des Mines à son allié le PALU en recourant à une supercherie puisque bien que Martin Kabwelulu est encarté dans le parti du vieux leader de Bandundu, il n’en demeure pas moins un kabiliste convaincu plus qu’un lumumbiste opportuniste.

Il manquait de peu que cette fine manoeuvre qui a propulsé Kabwelulu à un poste qu’il conservera près de 11 années successives à travers les gouvernements formés par Gizenga, Muzito et enfin Matata ne le conduise vers d’autres sommets. En effet, en 2016, en quête d’un successeur, Joseph Kabila imaginera confier les rennes du pouvoir à Antoine Gizenga, 92 ans, avant de penser un temps - très court - au fidèle Martin Kabwelulu.

Enfin, l’homme-clé des contrats miniers

C’est donc qu’entre 2007 et 2016, le ministre PALU des Mines a pris du galon dans l’entourage familial de Joseph Kabila.

Des petites combines initiales avec les comptoirs de diamant au cours desquels, le très discret Martin Kabwelulu empoche les commissions issues du trafic des certificats de Kimberley jusqu’au monopole controversé du « lavage » des pierres à l’exportation confié à une société sélectionnée par lui, jusqu’au dépeçage du Katanga utile, Martin Kabwelulu va devenir l’homme-clé des contrats miniers couverts par le clan Kabila.

En 2011, lorsqu’il accède à l’hôtel du Gouvernement, Augustin Matata dénonce tout azimut un complot contre la République. Le tout nouveau Premier Ministre comprend très vite qu’il ne peut rien contre son ministre des Mines qui dispose dans ses tiroirs de tous les contrats signés par les amis et les protégés de la famille Kabila. Dans la plus totale discrétion, cet homme d’apparence calme et effacée élargit son carnet d’adresses aux plus grandes compagnies minières. Il se frotte aux Glencore, Freeport MacMoran, Rangold, Ivanhoe et à leurs puissants dirigeants.

L'homme qui a cédé aux Chinois et Indiens les mines les plus riches de la RD Congo

Sans ciller, totalement soumis aux ordres de Kabila, Martin Kabwelulu arrache les concessions pour les redistribuer aux amis. Il couvre toutes les opérations et devient l’homme-lige de la famille Kabila. Il lui confie à la famille de Kabila plus de 600 concessions minières. Friand de pots-de-vins, il négocie en faveur des Chinois et des Indiens les concessions les plus riches du pays. Il joue du cadastre minier à sa guise. Et s’il arrivait à un opérateur à découvrir du cuivre près des fermes de l’ancien président, il n’hésite pas à les arracher pour les confier aux hommes désignés par Joseph Kabila. Au fil du temps, l’assurance du Ministre Kabwelulu qui est devenu un homme de confiance de l’ancien président se transforme en arrogance. Ainsi, le Premier Ministre a peine à maîtriser son ministre des Mines qui devient le grand ordonnateur de la corruption dans ce secteur sensible de l’économie congolaise. En 2017, la mégestion et les détournements sont si énormes que la RDCongo se classe 80ème sur 86 pays à l’indice de gouvernance des ressources naturelles. Juste devant l’Erythrée, le Turkménistan, la Libye, le Soudan et la Guinée Equatoriale !

Au fil du temps, le ministre du PALU prend de l’assurance. Il acquiert de multiples biens immobiliers à Kinshasa et à Lubumbashi. Son patrimoine immobilier au Katanga est valorisé à 60 millions de dollars. Il acquiert notamment des fermes, dont celle de Mulongo Misha. Il confie à son beau-fils des camions-remorques pour acheminer le carburant et la soude aux compagnies minières installées au Katanga.

Un operateur de l'ombre qui pèse aujourd'hui 200 Millions USD

Inodore, incolore, à peine audible en dehors de la conférence minière d’Indaba en Afrique du Sud où il tonne de la voix, Martin Kabwelulu va opérer dans l’ombre. Sa fortune est aujourd’hui estimée à plus de 200 millions USD. Il est probablement un des hommes les plus riches de la constellation des prédateurs qui ont navigué dans l’entourage de l’ancien président. Le tour de force de Kabwelulu est de s’être fait tellement discret qu’il en fut oublié parmi les grands prédateurs de l’ancien régime.

Membre du cercle très restreint des voleurs oubliés

Tirant parti de la philosophie du nouveau Président qui s’interdit de fouiner dans le passé, Martin Kabwelulu, l’artisan du nouveau code minier,  fait partie aujourd’hui du cercle très restreint des voleurs oubliés ! Mais pour combien de temps ? Car aussi longtemps que le Président Tshisekedi s’interdira de regarder le passé, de dénoncer les vols et les détournements, et  derécupérer les fonds volés, non seulement il n’aura aucun moyen de restaurer l’autorité  et la crédibilité de l’Etat congolais, de redonner confiance aux investisseurs mais pire il lui manquera toujours les ressources nécessaires au développement du pays.

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