Skip to main content
Felix Tshisekedi, Kalev Mutond

Retour en Force de Kalev Mutond ? Lettre Ouverte Au Président De La République, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, signé Prof. Prosper Tshibwabwa

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, FELIX ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Kinshasa, le 10 octobre 2022

Excellence Monsieur le Président de la République,

Vous et moi appartenons à la même grande communauté du Kasaï. C’est à ce titre que je vous écris car je sais que vous êtes sensible au destin qui lie les enfants du Kasaï. Fils du grand empire Luba, vous êtes aujourd’hui le premier représentant d’un des peuples les plus anciens, les plus braves, les plus courageux de la RDCongo. Dans le monde des arts, de la culture, des lettres et de l’esprit, du sport et de la politique, votre nom dépasse désormais ceux de Grand Kalle, de Paul Lomami, de Pie Tshibanda, de Mutombo Dikembe, d’Albert Kalonji, de Monseigneur Tshibangu et d’Etienne Tshisekedi, votre père d’heureuse mémoire.

C’est la raison pour laquelle je vous écris car vous êtes notre Chef et je me dois de vous dire partout et en toutes circonstances la vérité !

Excellence Monsieur le Président de la République,

Lors de votre premier discours sur l’État de la Nation, le samedi 14 décembre 2019, vous aviez donné le ton de votre mandat. Il ne devait rien aux Congolais et tout à votre pouvoir, à sa représentation et à ses avantages !

Devant les deux chambres du Parlement réuni en congrès, vous n’aviez pas prononcé un seul mot sur votre dette, en qualité de premier Congolais issu de l’alternance démocratique, qui vous lie à tous les compatriotes qui sacrifié leur vie pour défendre l’alternance et l’idéal de changement qui vous a porté au pouvoir.

Armand Tungulu, Floribert Chebeya, Rossy Tshimanga, Thérèse Kapangala, Luc Nkulula, Eric Boloko, Usemi Ngandu, ces noms et tant d’autres, vous les avez délibérément oubliés car leur évocation indisposait Joseph Kabila Kabange, votre allié politique de l’époque. Il en allait de même des martyrs de notre parti UDPS, brulés vifs au siège le 19 septembre 2016 et dont les familles ont été jusqu’à ce jour laissées à leur triste sort. Il s’agit de Bouquin Bukasa, Stéphane Mwabilayi, Bilomba Tshimungu, Pierre Kapena Wetu et John Mutamba Mbuyi, ainsi que des cadres du partifrère MLP de Franck Diongo. Ils ont tous été sauvagement assassinés par des hommes en tenues militaires. Des millions de Congolais ont mené le long combat pour l’avènement de l’État de droit et l’alternance politique au sommet de l’Etat en République Démocratique du Congo. Ce sont ces hommes et ces femmes qui au prix de leur sang vous ont conduit au pouvoir ! Pourtant, aujourd’hui, dans les couloirs climatisés du Palais de la Nation ou les somptueux jardins du Mont Ngaliema, leur procession d’ombres n’est plus qu’un lointain souvenir refoulé de votre mémoire et de celle des nouveux riches que vous avez façonnés qui jouissent de vos faveurs et exhibent sans pudeur leur train de vie insolent !

L’oubli des martyrs tombés sous les balles meurtrières de la police et de l’armée sur les parvis ensanglantés des Eglises, ou tués lors des manifestations de rue pour la liberté, ou encore torturés

-2- ou empoisonnés dans l’anonymat des cachots clandestins des services de sécurité est un crime et une malédiction !

Entre janvier 2015 et décembre 2018, selon Amnesty International au moins 320 personnes ont été tuées, 3.500 blessées et 8.000 arrêtées arbitrairement pour avoir exigé l’alternance démocratique à la tête du pays. Ce chiffre est malheureusement bien loin de la réalité. L’alternance n’aura donc finalement été que le cadeau du sang versé de nos martyrs, des larmes de nos blessés, des sacrifices endurés par des millions de familles pour une poignée de compatriotes pressés de faire fortune sur les fosses communes de Maluku en 2015, les massacres de Mwanza Lomba en 2017, les assassinats de Zaïda Catalan et Michael Sharp, les arrestations répétées de nos enfants de Lucha à Goma, les innocentes victimes de Kamwena Nsapu jetées dans les fosses communes du Kasaï ?

Excellence Monsieur le Président de la République,

En accédant à la tête du pays, sans doute n’aviez-vous pas mesuré l’ampleur de la tâche qui vous incombait. Celle de redresser un Etat en pleine décomposition. Avec le soutien de toute notre communauté qui fourmillent d’intellectuels de renommée et de brillants techniciens, et celle de tous les autres Congolais, vous avez réussi à vous débarrasser de votre encombrant prédécesseur et de ses alliés. En créant l’Union Sacrée de la Nation, vous avez créé une immense vague d’optimisme à travers le pays. Vous alliez enfin donné la pleine mesure de vos talents au service du pays. Nous étions plein d’espoir !

Malheureusement, du magnifique discours que vous avez tenu le 23 octobre 2020, il y a deux ans, presque jour pour jour, aux actes posés par votre gouvernement, nous sommes profondément déçus et choqués. La désillusion est à la hauteur de l’espérance qui s’était levée sur tout le pays !

L’Union Sacrée est tout simplement devenue une embauche de criminels. Ceux qui hier vilipendaient les combattants de la liberté trônent aujourd’hui à vos côtés. Vous leur réservez une place d’honneur dans les institutions. La corruption sévit de plus belle dans tous les secteurs de la vie nationale.

Comment pourrait-il en être autrement puisque vous avez fait de l’Union sacrée une usine de recyclage de tous les rebuts politiques en reprenant tous ceux que notre peuple avait déjà destiné aux poubelles de l’histoire. Vous avez estimé que, tant que les criminels d’hier chanteront désormais votre gloire autant qu’autrefois ils vous insultaient, ils pourront s’essuyer les pieds du sang de nos martyrs en léchant vos chaussures.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Nous avons entendu le retour de monsieur Kalev Mutond. Ce tortionnaire circule librement dans Kinshasa. Il se dit même prêt à vous assister et à poursuivre sa mission, sous vos ordres. Si celui qui avait pour fonction de surveiller, traquer, museler, arrêter, torturer et exécuter les Congolais qui réclamaient l’alternance se retrouve en toute impunité et sous votre protection à Kinshasa, notre devoir est de vous adresser une mise en garde. Hier encore, cet homme était un État dans l’État. Aujourd’hui, il incarne toujours la délation, l’inquisition, la torture et la mort.

Alors que sur instructions de la hiérarchie, nos militants vilipendent les derniers kabilistes qui ne sont pas de notre bord sous prétexte qu’ils pactisent avec les assassins de nos martyrs, vous êtes en pleine tractation pour blanchir judiciairement l’homme-orchestre et officiel de cette répression. Quel étranger paradoxe ! Cela veut-il dire que vous êtes prêt à pactiser avec le diable dès lors qu’il s’agit de vous maintenir à tout prix au pouvoir ?

-3- Après avoir oublié ceux qui ont tout perdu pour l’alternance, c’est un épouvantable crime que de reprendre l’homme qui a orchestré la répression contre le peuple congolais. Laissez-moi vous dire qu’en faisant le choix d’oublier le martyr du peuple congolais pour convoler avec son bourreau, vous vous exposez à la justice immanente.

Qui vous donne l’assurance que celui qui était chargé des besognes les plus basses, les plus odieuses, les plus sinistres et qui travaillait aveuglément, joyeusement, dévotement pour votre prédécesseur est à votre seul service ?

Recruter le plus grand usinier de tourments, de meurtres et de crimes et faire confiance à celui qui vénérait Joseph Kabila, son unique maître, est un pari insensé !

Excellence Monsieur le Président de la République,

Un proverbe nous dit qu’il ne faut pas insulter le crocodile quand vos pieds sont encore dans l’eau ! Ressaisissez-vous Excellence Monsieur le Président de la République. Nous, vos frères, nous resterons toujours à vos côtés. Mais ne nous sacrifiez pas, nous vos frères, sur l’autel de vos ambitions. L’histoire du peuple Luba dont nous sommes issus est émaillée de génocides. Les plus récents remontent aux années soixante et un second au début des années 90. Épargnez-nous un troisième génocide. Demain nous serons les premières victimes de ceux-là qui ont trahi le peuple pour servir la cause de la dictature et qui vous offrent leur service pour continuer ce qu’ils savent faire le mieux, bâillonner le peuple et l’asservir.

Aujourd’hui les Kasaïens sont exposés à cause de votre pouvoir et de l’image abominable qu’il diffuse de corruption, d’impunité et d’amateurisme. Les nominations récentes, qui nous donnent la part belle dans la gestion des institutions, constituent en réalité une clientèle tribale au service unique de votre pouvoir de jouissance, sans retombées concrètes sur le peuple Kasaïen.

Vous avez fait le pari fou que, de toutes les façons, aux yeux de l’opinion, nous, tous les kasaïens serons solidaires de votre bilan, même ceux qui ne sont pas de votre bord politique. Vous ignorez que le Kasaï, même s’il était un bloc homogène, ne constitue nullement un électorat majoritaire sur l’ensemble du territoire national. Votre second pari tout aussi fou que le premier est de croire que vous aurez la latitude de manipuler les résultats des élections ! Vous êtes non seulement en train de nous exposer à la vindicte publique, mais surtout vous êtes en train de parachever la destruction de l’unité nationale, ce qui sera à notre détriment, le Kasaï étant globalement enclavé...

Ressaisissez-vous Monsieur le Président de la République !

Vous serez grand et resterez dans l’Histoire si vous vous libérez de vos conseillers et de votre entourage qui vous poussent sans cesse à l’erreur.

En ne cédant pas aux appels à la violence et à la révolte et en vous donnant une chance de transformer le Congo, le peuple congolais n’attendait pas de vous que vous le plongiez à nouveau dans la tourmente. Il avait l’espoir du développement. Ne le décevez pas !

En épargnant une nouvelle crise politique aux conséquences incalculables, vous aurez sauvé la Nation et vous nous aurez sauvé, nous, vos frères et soeurs !

 

Prof. Prosper TSHIBWABWA

 

Lettre%20ouverte%20Prof%20Tshibwabwa%20v1.pdf

TELECHARGEZ ICI

Categories

Add new comment

Filtered HTML

  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.
  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Lines and paragraphs break automatically.