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Christophe Mboso,Tshimbombo Mukuna, Félix Tshisekedi, Jean-Marc Kabund, Yezu Kitenge

Révision constitutionnelle : la bombe d’Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo

Dans les couloirs de la présidence, il se murmure que le Chef de l’État et ses hommes préparent minutieusement une révision constitutionnelle. Fort de la majorité écrasante de plus de 3/5 détenue par l’Union Sacrée dans les deux chambres, cette modification de la Constitution pourrait être votée à la faveur d’un Congrès à organiser au cours du second semestre de l’année en cours. Dans le laboratoire du Président Tshisekedi, Yezu Kitenge, Jean-Marc Kabund et Christophe Mboso préparent une véritable bombe. Pour comprendre les tenants et aboutissants de ce projet, un petit retour en arrière sur l’évolution récente du paysage politique congolais est nécessaire.

 

Au fil des semaines, des révélations troublantes sont mises à jour sur la plus vaste opération de basculement politique jamais opérée dans une démocratie moderne sans recourir à des élections, mais par la seule volonté du Prince. Ce changement spectaculaire va probablement enrichir les livres de sciences politiques et donner matière à réflexion aux politologues du monde entier.

 

À la suite de ce basculement historique, le remplacement de Jeanine Mabunda a fait l’objet d’une bataille dont les secrets viennent d’être dévoilés. Au départ, le casting proposé au Président de la République par ses proches collaborateurs prévoyait le remplacement de l’élue de Bumba par Jean-Pierre Lihau, un jeune turc issu de la même province. Issu de la lignée du Professeur Lihau, célèbre fondateur de l’UDPS, cet ancien directeur de cabinet d’Aubin MInaku faisait parfaitement l’affaire.

 

Malheureusement pour le jeune élu, c’était sans compter sur les ambitions des vieux loups qui rôdaient autour de la dépouille de Mabunda et des vestiges des FCC. C’est ainsi que le président a.i. de l’UDPS, l’honorable Jean-Marc Kabund, grand ordonnateur du bouleversement du paysage politique, a été approché par Christophe Mboso Nkodia, le doyen d’âge et président du Bureau provisoire de l’Assemblée Nationale afin de lui proposer un autre schéma que celui de Jean-Pierre Lihau.

 

L’appât présenté au Président a.i. fut la demande de fonds de 12 millions de dollars adressée par le bureau provisoire de l’Assemblée Nationale afin d’organiser la session extraordinaire chargée ratifier la zone de libre-échange et de procéder à l’élection du Bureau définitif de l’Assemblée Nationale. Immédiatement saisi par cette demande de fonds, le ministre des Finances avait initialement exigé une ventilation des rubriques des dépenses alignées par Christophe Mboso. Ce dernier s’opposa vigoureusement à la demande d’explication du gouvernement. En recourant au soutien de Jean-Marc Kabund, le doyen de l’Assemblée obtint gain de cause auprès du ministre des Finances. C’était le début d’une véritable romance entre le président a.i. de l’UDPS et Christophe Mboso déterminés à prouver sa docilité à son jeune mentor.

 

Ayant fait totale allégeance au régime, l’ex-FCC Mboso, allait bouleverser les cartes. Selon un des témoins de l’échange entre l’honorable JM Kabund et le président du Bureau Provisoire, ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins pour crucifier les ambitions du jeune Lihau. « Pourquoi voulez-vous donner la présidence du Bureau définitif de l’Assemblée à un jeune dont vous ne connaissez pas les ambitions ? Moi, je peux vous garantir que je peux vous être plus utile. À mon âge, je n’ai pas d’autres ambitions que de terminer dignement ma carrière. Vous pouvez tout me demander ! » a déclaré Christophe Mboso la main sur le cœur. Convaincu du degré d’engagement du président du bureau d’âge de l’Assemblée, le Président Félix Tshisekedi décidait de changer la distribution des rôles et de renvoyer Lihau sur le banc. En guise de lot de consolation, le Chef de l’État promettait à son jeune allié de lui confier un poste ministériel important dans le nouveau gouvernement. Il ne restait plus à Christophe Mboso et à son bureau provisoire qu’à écarter tous les candidats opposés au ticket de l’Union Sacrée.

 

Fort de son nouveau statut de Président de l’Assemblée Nationale, c’est sans aucune difficulté que Christophe Mboso était intégré dans le cercle fermé des stratèges du Président Tshisekedi. Font partie de ce cercle, Jean-Marc Kabund et Yezu Kitenge, celui-là même qui, au début des années 90, associé à Tshimbombo Mukuna, Honoré Ngdanda et Vunduawe te Pemako, élaboraient les stratégies les plus machiavéliques visant à faire obstacle à la Conférence Nationale pour maintenir le maréchal Mobutu au pouvoir le plus longtemps possible. Aujourd’hui, le bureau de stratégies a pour seul objectif que celui d’élaborer les plans et les actions visant le maintien de Félix Tshisekedi au pouvoir.  

 

Pour peu, avec Yezu Kitenge, on serait tenté de reprendre le titre du fameux roman d’Alexandre Dumas, « Vingt ans après » pour stigmatiser le retour en force des membres de la dernière garde du président Mobutu autour du Président Tshisekedi. En première ligne, Yezu Kitenge, Tshimbombo Mukuna et Christophe Mboso encadrent Jean-Marc Kabund pour écarter tous les adversaires politiques qui se dressent sur la route d’une réélection de Félix Tshisekedi à la tête de la RDCongo.

 

Aux dires d’un conseiller à la Présidence, Christophe Mboso a vendu au Président de l’UDPS a.i. un plan de bataille détaillé visant à neutraliser voire éliminer tous les adversaires du Président de la République. « À l’Est, le Président Tshisekedi ne peut plus compter sur Vital Kamerhe. Dans le grand Kivu, le seul qui peut nous faire de l’ombre c’est Matata ! Il a beaucoup d’argent et les Occidentaux l’apprécient. On doit l’empêcher de rêver ! » affirme le nouveau président de l’Assemblée. « Son analyse vient renforcer à point nommé les appréhensions du Président Tshisekedi qui avait déjà le rapport explosif de l’IGF sur le complexe agro-industriel de Bukanga Lonzo. De quoi mettre l’ancien Premier Ministre sur le gril et demander à la Justice d’accélérer son cours afin de mettre Augustin Matata hors course. Au terme de la même analyse, Jean-Pierre Bemba devra demeurer sous la coupe de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui assimile la subornation de témoins pour laquelle il a été condamné par la Cour Pénale Internationale à la Corruption. L’homme fort de Gemena demeurera inéligible.

 

Reste donc un gros morceau à avaler pour ouvrir la route de 2023 à Félix Tshisekedi ! Il s’agit de Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur du Katanga ne s’étant pas laissé attirer par le poste de Premier Ministre qu’on lui avait fait miroiter, il demeure le tout dernier obstacle dans la course à la Présidentielle. Pour arriver à bout du patron de TP Mazembe qui dispose aujourd’hui de la première force politique structurée au sein de l’Union Sacrée, deux camps s’opposent au sein de la Présidence. Il y a ceux qui continuent à confectionner des dossiers afin de traduire à nouveau Moïse Katumbi devant les cours et tribunaux et obtenir une condamnation définitive dans les deux prochaines années et ceux qui pensent que recourir, comme l’avait fait à l’époque Joseph Kabila, à de faux procès en instrumentalisant la justice, ne servira qu’à jeter le discrédit sur le régime.

 

Dans le laboratoire dirigé par Yezu Kitenge, il est désormais acquis que face à Moïse Katumbi, il faudra faire preuve d’ingéniosité et d’adresse si on ne veut pas s’attirer les foudres de la Communauté Internationale. “Les Congolais veulent qu’on lève l’option de mettre fin à l’exclusivité de la nationalité congolaise”, affirme le nouveau Président de l’Assemblée qui ajoute “Puisqu’il faut réouvrir la Constitution sur cette question de nationalité, on doit en profiter pour imposer la règle que pour être candidat à la présidentielle il faut être de père et de mère congolais”. Et l’homme de Kenge de conclure “Les députés et les Sénateurs qui ont rallié l’Union Sacrée ne vont pas s’opposer à cette modification qui va dans le sens d’offrir la double nationalité à des millions de Congolais vivant à l’étranger”. En réalité, ce changement dans la Constitution ramène le débat de la Congolité. À l’image de l’Ivoirité de triste mémoire qui a mis la Côte d’Ivoire à feu et à sang pendant plus de dix années, sur les conseils de Yezu Kitenge et de Christophe Mboso, le président Tshisekedi est tenté de réouvrir ce dossier afin de priver Moïse Katumbi de toutes ambitions présidentielles. Et d’une pierre deux coups, au sein de la Présidence, il se dit que Martin Fayulu, l’opposant radical incontrôlable, serait lui aussi sous le coup de cette révision constitutionnelle puisque d’aucuns lui attribuent un lien direct avec le Cameroun.

 

En restreignant la nationalité d’origine et la candidature à l’élection présidentielle à une conditionnalité d’être de père et de mère congolais, le Président Félix Tshisekedi va se tirer une balle dans le pied. Lui aussi va devoir se retirer de la course puisque Maman Marthe est angolaise”, tonne un responsable de la société civile qui pressent que la révision concoctée dans le laboratoire de Yezu Kitenge et de Jean-Marc Kabund va conduire le pays dans un nouveau cycle de violence généralisée. L’homme poursuit en déclarant que “Si rien n’est fait pour obliger les pyromanes qui entourent Félix Tshisekedi à ranger leurs allumettes, tout le pays va s’embraser”.

 

Si la nomination du Premier Ministre Sama Lukonde a calmé les frustrations des populations katangaises qui ont vu plusieurs leaders être démis de leur fonction ou arrêtés, les plans élaborés dans les officines du pouvoir et les menaces qui pèsent à nouveau sur l’avenir de Moïse Katumbi vont inévitablement conduire à de nouvelles tensions bien difficiles à gérer pour le jeune Chef du Gouvernement. À peine va-t-il embrasser les nombreux défis qui l’attendent que Sama Lukonde va devoir démontrer son indépendance d’esprit et sa marge de manœuvre face à ceux qui lui ont remis les clés de la Primature…

A très bientôt

 

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