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Moise Katumbi et Kabila

Tensions maximales au Congo, par Hubert Leclercq

MONDE :  La classe politique se déchire et Katumbi apparaît comme l’homme à abattre

Un peu moins de neuf mois ! C’est le temps que la Constitution congolaise accorde au président en fonction pour organiser le scrutin qui désignera son successeur. Le 19 décembre, Joseph Kabila aura cessé d’être le président des Congolais. Son second mandat arrivant à son terme sans qu’un troisième mandat ne soit possible.

Sauf, évidemment, en cas de révision de la Constitution. En janvier 2015, la majorité présidentielle avait tenté de modifier la Constitution pour permettre au président de briguer un nouveau mandat, à l’instar de ce qui se passe au Rwanda, au Burundi ou au Congo voisin. Mais les Congolais de Kinshasa n’entendaient pas suivre ce mouvement régional et sont descendus dans la rue pour dire non à ce changement normatif, poussés par la révolution du Burkina Faso qui venait de chasser du pouvoir le président Compaoré.

Quinze mois plus tard, la Constitution n’a pas été revue mais Joseph Kabila multiplie tous les stratagèmes pour éviter la tenue du scrutin synonyme de départ du pouvoir.

Une des pistes les plus en vue est le passage par un dialogue politique qui réunirait tous les acteurs de la société congolaise." Un grand machin juste bon à distraire et à gagner du temps", selon la plupart des membres de l’opposition.

L’UDPS, parti de l’opposant Etienne Tshisekedi lui, oscille entre le "j’y vais, j’y vais pas". "Les successeurs d’Etienne Tshisekedi ont bien compris qu’il s’agissait de leur dernière carte pour toucher au pouvoir", nous explique un bon observateur de la vie politique congolaise. "Le patriarche n’est pas en grande forme physique et éprouvera bien des difficultés à rentrer au pays. Si une élection présidentielle doit se dérouler, pas sûr qu’il puisse tenir son rang. Du coup, ses successeurs se disent qu’il est plus intéressant de s’associer au pouvoir de Kabila pour durer un peu plus."

Mais le trublion de la scène politique congolaise, le poil à gratter de la majorité présidentielle, c’est Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur du Katanga, ex-membre de la famille politique de Kabila, aujourd’hui passé avec fracas dans les rangs de l’opposition. Officiellement, l’homme n’est pas encore candidat à la présidence. Mais il a déjà un formidable véhicule politique avec une plateforme qui s’est créée sur mesure pour lui : le G7, constitué de 7 partis qui, comme lui, ont quitté la majorité pour rejoindre l’opposition.

"Dans les rangs de ce G7, il y a de solides pointures comme Olivier Kamitatu ou Pierre Lumbi, l’ancien Monsieur sécurité de Joseph Kabila. Ce trio est devenu le pire des cauchemars de Kabila", explique une journaliste congolaise très active sur les réseaux sociaux. "Ils connaissent tout de la Kabilie et ont des relais internationaux très forts. C’est pour cette raison que les enfants de Pierre Lumbi ont été arrêtés samedi dernier dans un hôtel qui appartient à leur père et qu’ils gèrent. Les proches du président pensaient avoir fait le plus dur en saisissant des armes lors d’une perquisition bidonnée. Etrangement, quelques jours plus tard, ces deux jeunes hommes ont été remis en liberté, sans procès. C’était évidemment un coup monté des services de renseignements qui avaient planqué les armes et saisi les images vidéo pour être certains de ne pas laisser de traces. Mais ils avaient oublié que Lumbi a été le meilleur conseiller sécurité de Kabila et qu’il avait prévu un réseau de sécurité parallèle. Il est donc en possession d’images qui montrent les agents en train de monter leur traquenard. Lumbi a menacé d’utiliser les réseaux sociaux pour diffuser ces images si ses enfants n’étaient pas libérés… Ils sont sortis de prison."

Mises en scène à tous les étages !

Les services de renseignements congolais mettent le paquet.

Depuis le 23 décembre 2014, Moïse Katumbi apparaît de plus en plus comme l’ennemi public n°1 du président Kabila. Ce jour-là, rentrant à Lubumbashi après quelques mois passés en Europe pour se remettre d’une tentative d’empoisonnement, le gouverneur du Katanga lançait sa première mise en garde au président contre la tentation d’un troisième mandat en désaccord avec la Constitution congolaise. Message pas bien reçu du tout à Kinshasa.

Depuis, Moïse Katumbi a multiplié les prises de position contre les dérives du régime, ce qui lui vaut d’être clairement ciblé par les services de renseignements congolais (ANR).

Du coup, Moïse Katumbi est présente comme un chef rebelle qui n’hésiterait pas à faire venir des hommes de main des Etats-Unis pour entraîner des recrues congolaises.

"Nous avons reçu l’ordre de nous rendre à Kashobwe, le village natal de Moïse Katumbi", nus raconte un membre des services de renseignements congolais. "Mais la mission n‘aura pas lieu faute de moyens financiers. Nous avons reçu 15.000 francs congolais (+/- 15dollars) pour mener cette mission. On n’a même pas de quoi payer notre essence", poursuit notre homme qui a logiquement requis l’anonymat. "Le gouverneur a remis une forte somme à notre patron mais il a bouffé l’argent", conclut-il.

Un de ses collègues explique, lui, que des perquisitions doivent se dérouler "dans les prochaines heures dans les demeures des gars qui travaillent pour Moïse Katumbi et qui ont été arrêtés dimanche dernier." A Chacune de ces perquisitions, le scénario est le même. Les policiers entrent en force et ressortent avec une ou deux armes. "Elles sont souvent démilitarisées, elles sortent de notre entrepôt de la rue Usoke, à Lubumbashi", termine le second membre de l’ANR en expliquant son "ras-le-bol des coups fourrés qui vont mal se terminer pour tout le monde".

 

SOURCE : http://www.dhnet.be/actu/monde/tensions-maximales-au-congo-57251fc635708ea2d50b2be8#.VyYeuzTMQ5u.facebook

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