Skip to main content
Felix Tshisekdi

Sécurité de Félix Tshisekedi : de nouvelles têtes… pour un nouveau mandat ?

Félix Tshisekedi a procédé mardi 1er août à plusieurs changements dans le secteur de la sécurité de l’État en RDC. Le président congolais a notamment nommé un nouveau titulaire au poste de conseiller spécial en matière de sécurité – celui-ci étant resté vacant depuis l’arrestation de François Beya, le 5 février 2022 – en la personne de Jean-Louis Esambo Kangashe.

Ce professeur est une personnalité bien connue des mondes scientifique et politique congolais. Doyen de la faculté de droit à l’université de Kinshasa, il conseillait déjà Félix Tshisekedi dans l’ombre, après avoir été juge à la Cour constitutionnelle et au Conseil d’État.

L’architecte d’un glissement ?

« Il est de la vieille école et connaît très bien la politique congolaise et les politiques congolais », explique une source proche du président Tshisekedi. « Ce choix n’est pas anodin, ajoute cette source. Nous sommes en période pré-électorale, avec beaucoup d’incertitudes et un contexte d’insécurité grandissante, surtout dans l’Est. Il va falloir négocier dans la paix le deuxième mandat du chef de l’État et mettre en place les stratégies permettant au président d’asseoir son pouvoir et son autorité ».

 

Jean-Louis Esambo Kangashe doit immédiatement prendre ses fonctions et mettre fin à l’intérim de Jean-Claude Bukasa, l’ancien adjoint de François Beya. La présidence évoque un choix « stratégique » au regard de la « situation générale du pays ». Mais un membre de l’opposition estime que l’universitaire a été choisi pour « exécuter un plan ». Il devra faire aboutir « le projet d’une nouvelle Constitution déjà écrite selon la volonté de Félix Tshisekedi », dénonce ce proche de Joseph Kabila, persuadé que les textes ont été préparés pour un glissement de l’élection présidentielle.

Autre nomination d’importance, cette fois à l’Agence nationale de renseignements (ANR). L’administrateur général Jean-Hervé Mbelu Biosha y a été relevé de ses fonctions, alors qu’il était extrêmement critiqué ces derniers mois. Selon des sources à la présidence de la République, beaucoup remettaient en cause l’efficacité de l’ANR. Mais c’est la fuite des vidéos privées de Fortunat Biselele, ancien conseiller privé du président aujourd’hui en disgrâce, qui pourrait avoir scellé le destin de l’intéressé.

Renseignements et sextape

Jean-Hervé Mbelu Biosha avait en effet procédé à l’arrestation de Fortunat Biselele en janvier 2023, alors que ce dernier était accusé de « trahison, atteinte à la sûreté de l’État et propagation de fausses nouvelles ». S’il a depuis été remis en liberté provisoire, des images intimes de l’ancien conseiller de Félix Tshisekedi avaient ensuite fuité sur internet. Or, beaucoup estiment que Jean-Hervé Mbelu Biosha était le seul en capacité de faire diffuser ces contenus intimes, après avoir eu accès aux téléphones de Biselele lors de l’arrestation de ce dernier.

"Mbelu Biosha estimait que libérer Biselele, c’était saper son travail

« Mbelu Biosha estimait que libérer Biselele, c’était saper son travail », explique une source à la présidence. Pour les organisations de défense des droits de l’homme, le désormais ancien patron de l’ANR – tombeur de François Beya et de Fortunat Biselele – est surtout celui qui a procédé à « beaucoup d’arrestations et de détentions arbitraires ». Pour le remplacer, Félix Tshisekedi a choisi de nommer Daniel Lusadisu Kiambi.

 

Médecin militaire diplômé à l’École royale militaire de Belgique en 1983, ce dernier est un ancien membre de la Brigade spéciale présidentielle puis de la Division spéciale présidentielle, qui assuraient la sécurité du président Mobutu Sese Seko.

Détenteur des titres honorifiques de chevalier et d’officier de l’Ordre national des Léopards, médecin cardiologue au Centre hospitalier universitaire Saint-Pierre à Bruxelles, il a aussi été un proche collaborateur militaire d’Étienne Tshisekedi, dont il a été conseiller en matière militaire.

Attendus au tournant

Une source proche de l’intéressé explique surtout que Daniel Lusadisu Kiambi a aussi été le délégué et le coordonnateur des anciens membres des Forces armées du Zaïre et des ex-agents de sécurité (renseignements, Garde civile…), forcées à l’exil après la prise de pouvoir de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre menée par Laurent-Désiré Kabila. Cela lui a permis de développer des contacts avec les milieux sécuritaires en RDC et à l’étranger, particulièrement en Israël avec le Mossad, et aux États-Unis.

 

Ces changements à la tête du Conseil national de sécurité et de l’Agence nationale de renseignements interviennent alors que leurs pratiques et leur professionnalisme ont été particulièrement remis en cause ces dernières semaines. Récemment, des organisations de défense des droits humains, dont l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), ont en effet dénoncé dans un mémorandum les « nombreuses dérives » dans les services de sécurité.

Ceux-ci « se sont arrogés, dans l’exercice de leurs fonctions, le droit de s’affranchir totalement du respect des lois et règlements régissant la gouvernance d’un État de droit ». « Compte tenu des errances reprochées à leurs prédécesseurs, les responsables de services de sécurité récemment nommés sont invités à s’abstenir d’ordonner, d’encourager ou de tolérer des violations des droits de l’homme, notamment les enlèvements, arrestations et détentions illégales ainsi que la pratique de torture contre des personnes présumées avoir commis des infractions », conclut Georges Kapiamba, le coordonnateur de l’ACAJ.

Categories

Add new comment

Filtered HTML

  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.
  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Lines and paragraphs break automatically.